Location immobilière : Peut-on exiger un acompte pour bloquer un bien ? Voici ce que dit la loi
Location immobilière : Peut-on légalement demander un acompte pour réserver un bien ?
La recherche d’un logement à louer peut parfois ressembler à une course contre la montre, surtout dans les zones tendues où la demande dépasse largement l’offre. Dans ce contexte, certains propriétaires ou agences immobilières sont tentés de demander un dépôt d’argent pour « bloquer » un bien en faveur d’un candidat locataire. Mais cette pratique est-elle légale ? Quels sont les risques pour les deux parties ? Voici un éclairage complet sur vos droits et obligations.
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1. La loi est claire : aucun versement ne peut être exigé avant la signature du bail
Contrairement à une idée reçue, la réservation d’un logement en location ne peut pas être conditionnée à un paiement anticipé, qu’il s’agisse d’un acompte, d’une caution ou de frais de dossier. Voici ce que prévoit le cadre légal :
- Article 22 de la loi ALUR (2014) : Tout versement avant la signature du bail est strictement interdit, sauf pour les frais liés à la constitution du dossier (dans la limite des plafonds légaux). - Sanctions encourues : Un propriétaire ou une agence qui exigerait un acompte s’expose à une amende pouvant atteindre 15 000 € (article L. 113-3 du Code de la consommation). - Nullité de la clause : Toute mention dans un contrat ou un échange écrit imposant un paiement préalable est nulle et non avenue.
> ⚠️ Attention : Même si le locataire accepte « volontairement » de verser une somme, cette pratique reste illégale et peut être contestée ultérieurement.
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2. Que risque le propriétaire en cas de non-respect de la règle ?
Outre l’amende mentionnée, un propriétaire ou une agence qui exige un acompte s’expose à :
- Un remboursement intégral : Le locataire peut réclamer le remboursement immédiat de la somme versée, majorée éventuellement d’intérêts légaux. - Une perte de crédibilité : En cas de litige, le propriétaire pourrait voir sa réputation entachée, notamment sur les plateformes de notation. - Un refus d’assurance : Certaines assurances loyers impayés (GLI) pourraient refuser de couvrir un bien si des pratiques illégales sont avérées.
Exemple concret : Un candidat locataire verse 500 € pour « réserver » un appartement. Le propriétaire accepte, mais finalise ensuite la location avec un autre dossier. Le premier locataire peut exiger le remboursement des 500 € + des dommages et intérêts pour préjudice moral.
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3. Quelles alternatives légales pour sécuriser une location ?
Si un propriétaire souhaite s’assurer de la sérieux d’un candidat sans enfreindre la loi, voici les solutions autorisées :
✅ La pré-sélection par dossier complet
- Demander tous les documents justificatifs (pièce d’identité, bulletins de salaire, garant, etc.) sans exiger de paiement. - Prioriser les dossiers les plus solides et informer les autres candidats de l’avancée des démarches.✅ La signature d’un compromis de location (ou promesse de bail)
- Ce document non obligatoire mais utile engage les deux parties à signer le bail sous réserve de vérifications (ex : solvabilité du locataire). - Aucun versement ne peut y être associé avant la signature définitive.✅ La visite virtuelle ou physique rapide
- Organiser des visites groupées pour accélérer le processus et éviter les désistements de dernière minute.---
4. Que faire si un propriétaire exige un acompte ?
En tant que locataire, vous avez plusieurs recours :
- Refuser poliment en rappelant la loi (article 22 de la loi ALUR).
- Signaler la pratique à la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) ou à l’ADIL de votre département.
- Conserver les preuves (SMS, emails, reçus) en cas de litige.
- Privilégier les annonces sérieuses : Méfiez-vous des propriétaires ou agences qui pressent pour un versement rapide.
> 💡 Conseil : Utilisez des plateformes certifiées (comme SeLoger ou Leboncoin) qui vérifient les annonces et informent sur les droits des locataires.
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5. Cas particulier : Les locations saisonnières et meublées
Pour les locations saisonnières (type Airbnb) ou les meublés, les règles diffèrent légèrement :
- Un acompte peut être demandé (généralement 25 à 30 % du loyer total) uniquement si un contrat de réservation est signé. - Le reste du paiement doit intervenir avant l’entrée dans les lieux. - En cas d’annulation, les conditions de remboursement doivent être clairement stipulées dans le contrat.
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6. En résumé : Ce qu’il faut retenir
| Situation | Légal ? | Risques | |-----------------------------|------------|--------------------------------------| | Demander un acompte pour un logement vide | ❌ Non | Amende jusqu’à 15 000 € | | Signer un compromis de location sans paiement | ✅ Oui | Aucun (si respect des règles) | | Exiger des frais de dossier | ✅ Oui* | Plafond légal (ex : 12 €/m² en zone tendue) | | Location saisonnière avec acompte | ✅ Oui | Remboursement selon contrat |
*Dans la limite des plafonds fixés par la loi. Sous réserve d’un contrat écrit.
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7. Questions fréquentes (FAQ)
❓ Un propriétaire peut-il garder mon acompte si je me rétracte ? Non, même en cas de rétractation, tout versement avant bail est illégal et doit être remboursé.
❓ Puis-je porter plainte si on m’a demandé un acompte ? Oui, vous pouvez saisir la DDPP ou engager une action en justice pour pratique commerciale trompeuse.
❓ Comment prouver qu’un acompte a été exigé ? Conservez les échanges écrits (emails, SMS), les reçus ou témoignages. Un virement bancaire avec la mention « acompte logement » peut aussi servir de preuve.
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Conclusion : Prudence et respect de la loi pour tous
Que vous soyez propriétaire ou locataire, la transparence et le respect du cadre légal sont essentiels pour éviter les litiges. Pour les propriétaires, mieux vaut perdre un peu de temps à vérifier les dossiers que risquer une amende. Pour les locataires, aucun versement ne doit être effectué avant la signature du bail – méfiez-vous des pratiques abusives !
> 🔍 Besoin d’aide ? > - Service public – Location d’un logement > - ADIL (Agence Départementale pour l’Information sur le Logement)
Cet article a pour vocation d’informer et ne saurait se substituer à un conseil juridique personnalisé.